ESCALES AMERICAINES
On s’est rencontré en 2015. À la suite d’une expo, il m’avait acheté la photo d’une route sous la pluie que j’avais ramenée du causse Méjan.
Depuis j’ai remarqué chez lui une fascination pour ces fuyantes de bitume qui hantent l’histoire de la photographie, encore plus quand elles brillent dans la nuit du contre-jour.
Lui cherche à comprendre pourquoi dans mes planches contact il y a presque toujours des oiseaux, moi, j’ai compris pourquoi ces routes solitaires l’obsèdent : elles sont l’écho des pistes des aéroports de son quotidien.
Stéphane est pilote, et la départementale sur papier photo au bord de laquelle on s’est rencontré s’est transformée en piste de décollage régulière pour les USA. Quand il a accumulé suffisamment de points et qu’il trouve des escales « longues » il me propose une place vacante dans l’avion qu’il pilote. Et nous voilà partis les poches pleines de pellicules en guise de parachute, pour atterrir au milieu de villes pas forcément choisies.
De ces escales éclairs à travers des morceaux d’Amérique se construit une série de photographies forcément réalisées dans l’urgence. Depuis les marges exiguës du mythe, il s’agit comme toujours de se rendre disponible aux vibrations du réel. De les faire résonner avec ma propre musique intérieure et de déclencher en rythme. À l’arrivée, peu de photos sonnent justes, mais les quelques une qui restent sont à même de traduire un peu de la partition qui s’est écrite au fur et à mesure de la quête.
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