Pendant le mois de juillet 2020 j’ai parcouru une semaine durant, appareil photo en bandoulière, un petit bout des montagnes Thiernoises à la rencontre de celles et ceux qui nous nourrissent.
Derrière le miel de montagne, l’hydrolat de reine-des-prés, le pain au graine de lin, les légumes de saison, le beurre de baratte, les tisanes Vol Arom... derrière ces mets raffinés, ces potions bienfaisantes ou ces ingrédients de base garant de notre plaisir et de notre survie, derrière ce que nous mangeons : un ballet poétique et politique se joue.
Alain, Gaétan, Mélina, Benoît, Christine, Gilles... sont les acteurs et les actrices d’une pièce lumineuse, éclaircie salvatrice dans un monde productiviste à l’agonie. Ici le geste est gracieux et respectueux du vivant. L’arrière-plan de la scène fait corps avec ses acteurs. Cette campagne en guise de décor, qui façonne autant qu’elle est façonnée par celle et ceux qui lui réclament tribut. Sans tambour ni trompette la ritournelle du quotidien est composée de liberté, d’effort, de sens, d’harmonie et de rudesse. Une communauté de gestes pour n’en former qu’un seul à même d’esquisser ce que la vie a de puissante quand elle est composée d’essentiel.
J’ai croisé des enfants, des adolescents, qui mois de juillet oblige, arpentaient les sillons tracés par les adultes. Savent-ils que les femmes et les hommes qui œuvrent ici n’ont pas attendu hier pour faire jaillir le monde de demain que l’on attend ? Savent-ils qu’elles et qu’ils sont la preuve qu’il existe en celui-ci ?
Je m’immisce dans ce théâtre rural régulièrement depuis quelques années. Je tente de l’approcher photographiquement de diverses manières et d’en ordonner une représentation qui donne à ressentir, plus qu’à illustrer... la tâche est complexe, mais elle mérite d’être entreprise, encore et encore…
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